Hello ✨
Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’un roman que je viens de terminer et qui m’a fortement marqué : il s’agit de La main gauche de la nuit de Ursula K. Le Guin.
J’avais entendu parler de Ursula K. Le Guin comme une autrice féministe SF ce qui m’avait interpelé. Aussi, il y a quelques mois, juste avant de partir en weekend prolongé en mai, j’ai acquis l’anthologie complète de son cycle Hain parce que le livre était gros et que ça m’assurait plusieurs heures de lecture. Depuis, j’avance, roman après roman, nouvelle après nouvelle, dans l’immense production de l’autrice sur son cycle Hain.
La main gauche de la nuit raconte l’histoire de Aï Genry, explorateur-diplomate de l’Ekumen, qui débarque seul sur la planète de Gethen, une planète glaciaire qui n’a jamais connu la guerre et où les habitants sont ni femmes ni hommes. Son objectif : faire découvrir l’existence de l’Ekumen et pousser les dirigeants de cet État à rejoindre cette ligue de mondes. Une démarche qui l’amène à vivre nombre d’aventures et à faire une rencontre qui le marquera à vie.
Saupoudré de légendes sur le folklore de ce nouveau monde, ce récit est étonnant, bien amené, source de réflexions, notamment féministes, et prenant. Ursula K. Le Guin joue avec les concepts qu’elle crée avec facilité et les met en scène à travers deux personnages touchants.
Belle découverte ! 📚 🚀
✢ ✢ ✢
📚 La main gauche de la nuit, résumé
Sur Gethen, la planète glacée que les premiers hommes ont baptisée Hiver, il n’y a ni hommes ni femmes, seulement des êtres humains.
Des androgynes qui, dans certaines circonstances, adoptent les caractères de l’un ou l’autre sexe.
Les sociétés nombreuses qui se partagent Gethen portent toutes la marque de cette indifférenciation sexuelle.
L’Envoyé venu de la Terre, qui passe pour un monstre aux yeux des Géthéniens, parviendra-t-il à leur faire entendre le message de l’Ekumen ?
Le cycle de Hain
Pour ma part, j’ai lu La main gauche de la nuit de Ursula K. Le Guin dans le cadre de l’intégral du Cycle de Hain (Tome 1) par Le livre de poche. Le tome regroupe cinq romans, quatre nouvelles et sept textes inédits en France, dont le roman primé du prix Hugo, La main gauche de la nuit. Le Cycle de Hain est un ensemble de textes qui sont écrits à partir du même postulat : les humains du monde de Hain ont par le passé colonisé de nombreuses planètes, mais leur déclin a entraîné la fin des voyages stellaires et l’isolement de chacune d’elles.
L’ensemble des textes du Cycle de Hain prennent place lorsqu’une organisation interplanétaire, l’Ekumen, envoie des émissaires partout dans l’espace dans un but précis : reconstituer une civilisation interstellaire qui regroupera tous les peuples.
Dans le préambule, Ursula K. Le Guin rappelle cependant que ses textes ne sont pas un ensemble cohérent et qu’ils sont à lire séparément les uns des autres car son lore a évolué au cours de l’écriture de ces textes.
📚 La main gauche de la nuit, chronique
Genly Aï parviendra-t-il à faire entrer la planète glacée de Gethen dans l’Ekumen ou les conflits qui opposent les deux puissances principales de la planète l’empêcheront-ils de faire passer son message ? Bien que cette intrigue paraisse immense, Ursula K. Le Guin parvient à l’incarner en la ramenant à l’histoire d’un personnage (de deux, en réalité) et de son voyage à travers une contrée glacée. Ce, grâce à un “simple” choix de narration à deux points de vue, saupoudré de contes et légendes de la contrée de Gethen.
Deux récits en un
Dans La main gauche de la nuit, l’autrice Ursula K. Le Guin parvient à jongler entre un récit politique d’envergure –comment une planète découvre l’existence d’autres peuples dans l’univers et choisit, ou non, de se rallier à ces puissances extérieures– et un récit plus humain, à plus petite échelle–comment l’Emissaire envoyé parvient à survivre malgré les doutes que son arrivée engendre.
Cette double narration est parfaite car elle apporte de l’action et donne de l’émotion dans une narration politique qui, à première vue, pourrait manquer d’envolées lyriques ! On s’attache au personnage de Genly Aï, l’Envoyé, on comprend ses raisons, ses ambitions, ses motivations, et en même temps, on comprend les doutes et les risques portés par le personnage d’Estraven, représentant du nouveau monde, que l’on découvre peu à peu.
Un texte éminemment féministe
Cette double narration choisie par l’autrice permet de porter aussi ses réflexions féministes. S’opposent en effet les visions de l’Envoyé Genly Aï, un homme cisgenre tel que nous le connaissons et auquel on peut s’identifier, et d’Estraven, personne androgyne qui ne prend, à l’image des autres membres de son peuple, le sexe d’homme ou de femme que quelques jours par cycle menstruel. La notion d’homme ou de femme dans cet univers est ainsi inconnue, avec des hommes qui peuvent être enceints et qui se vantent de porter leur propre enfant. L’assignation des rôles sociaux en fonction du sexe et de la sexualité et la supériorité des hommes sur les femmes sont ainsi des concepts inconnus. De même que la guerre, qui est absente de ce monde malgré les conflits latents qui existent.
📚 Mon avis sur La main gauche de la nuit
De tous les livres de Ursula K. Le Guin que j’ai pu lire pour l’instant, La main gauche de la nuit est celui qui m’a le plus marquée. Ce, du fait de la relation entre ses personnages, des valeurs développées (intérêt général vs intérêt particulier, absence de la guerre) et du discours féministe distillé dans le roman. C’est un roman de science-fiction politique enveloppant que je recommande.
Personnages ♥️♥️♥️
Le texte se centre tout particulièrement sur deux personnages : Genly Aï, l’Envoyé, et Estraven, le Premier ministre du Roi de Karhaïde. J’ai adoré la découverte puis le développement de chacun de ses deux personnages ainsi que leur relation qui grandit à partir de la moitié du texte. La force de leur relation nait autant de leurs valeurs communes que de leurs différences (culturelles, sexuelles).
Intrigue ♥️♥️♥️
Si la quête de Genly Aï dépasse toute autre, la question de sa survie puis celle de l’exil d’Estraven nous guident. Ces intrigues s’imbriquent et se déplient les unes après les autres le long d’un voyage aussi aventureux et qu’initiatique. Intrigues politiques, réflexions féministes, contes et légendes, voyage à travers les glaciers : Ursula K. Le Guin alterne les phases de narration avec verbe et poésie. C’est prenant, c’est touchant.
Style littéraire ♥️♥️♥️
Le style de Ursula K. Le Guin est riche. D’imagination, de vocabulaire, d’images. À titre personnel, j’aime la SF “simple” : celle qui fait réfléchir sans écraser sous des concepts alambiqués et des univers improbables qui nécessitent des chapitres de mise en place. En s’appuyant sur des univers proches des nôtres et en déployant des concepts marquants au compte-goutte, l’autrice réussit à nous plonger dans un monde différent sans nous noyer.
🚀 Aller plus loin
La main gauche de la nuit fait partie d’un ensemble de plusieurs romans et nouvelles de l’autrice Ursula K. Le Guin le Cycle de l’Ekumen. J’ai déjà eu l’occasion d’en lire plusieurs, comme La cité des illusions et Planète d’Exil mais La main gauche de la nuit est mon préféré pour le moment de par ses réflexions féministes poussées. Au-delà de la Science-Fiction, l’autrice a aussi beaucoup écrit de Fantasy, notamment avec le Cycle de Terremer que je découvrirais certainement prochainement.
ℹ️ Informations pratiques
La main gauche de la nuit, Ursula K. Le Guin, 1969
Editions : Le livre de poche, 2023
Traduction : Jean Bailhache, révisé par Sébastien Guillot (traduit de l’anglais)
Nombre de pages : 329 pages
Acheter le livre sur le site de la maison d’édition
✢ ✢ ✢
Vous avez lu ce livre ? L’avez-vous apprécié ? Quels autres textes de Ursula K. Le Guin avez-vous aimé et pourriez-vous me recommander ?
Belle journée ☀️
Marièke