Photo de la couverture du roman Eden, pour illustrer la chronique de ce roman.

Chronique de Éden, de Auður Ava Ólafsdóttir

Photo de la couverture du roman Eden, pour illustrer la chronique de ce roman.
📸 Marièke Poulat

Hello ✨

Aujourd’hui, j’avais envie de vous parler de ma dernière lecture de 2023 : Éden, de l’écrivaine islandaise Auður Ava Ólafsdóttir.

J’ai acheté ce livre sur un coup de tête lors de mes achats de Noël à la librairie Les Nouveautés à Paris. J’ai toujours été faible face aux recommandations de lecture manuscrites des librairies et, passionnée par l’Islande, je me suis laissée tenter. Après tout, j’avais un voyage en train qui m’attendait pour rentrer dans ma famille à Noël. 🚅

Éden est un roman qui évoque le changement de vie d’une linguiste qui décide, du jour au lendemain, de partir s’installer dans la campagne islandaise pour y planter 5600 bouleaux pour rembourser son empreinte carbone. Si je ne suis pas prête à faire ce genre de saut dans l’inconnu, ce pitch a résonné en moi. La poésie de ce texte, rythmé de réflexions autour de la langue islandaise, m’a énormément touchée. J’ai aussi apprécié qu’il soit ancré dans l’actualité sans être alarmiste. J’ai désormais envie de découvrir les autres romans de l’autrice islandaise.

Belle découverte ! 📚

✢ ✢ ✢

Éden, résumé

Alba voyage aux quatre coins du monde pour des colloques sur les langues en voie d’extinction. De retour à Reykjavík, elle fait le compte : pour compenser son empreinte carbone, il lui faudrait planter 5 600 arbres. Ni une ni deux, elle repère un terrain de roche, de lave et de sable avec une petite maison. Rien n’est censé pousser là mais Alba y projette déjà une colonie de bouleaux.

Peu à peu, Alba tente d’apprivoiser son jardin d’Éden. Elle s’équipe au rayon bricolage de la boulangerie, prête l’oreille à son voisin qui lutte contre un projet d’usine à glaçons, et s’attache à un jeune réfugié prêt à absorber tout le dictionnaire…

Ode au pouvoir infini des mots, Éden explore notre faculté à déjouer les paradoxes de l’existence, à nous réinventer. Un régal d’humour et d’humanité.

📚 Chronique de Éden

Sur toile de fond islandaise, Éden est tout à la fois un roman sur un changement de vie, sur le changement climatique et sur la linguistique et ses enjeux. Trois sujets qui me questionnent et me passionnent ce qui explique que je me sois sentie appelée par ce texte.

Le changement de vie

Éden est d’abord un roman qui questionne l’existence. Qui est-on ? À quoi sert la vie ? Pourquoi fait-on ce que l’on fait ? Peut-on changer de vie ? Pourquoi ?

Ces questions sont éprouvées par Alba, le personnage principal, qui choisit, un jour de retour en avion et sur un coup de tête, d’acheter une parcelle de terre en pleine campagne islandaise pour y planter des boulots.

Mais elles sont abordées aussi par le père d’Alba, le meilleur ami de ce dernier et Danyel, un jeune adolescent réfugié qu’Alba prend sous son aile.

Dans le roman, le changement de vie est progressif, naturel : il n’est pas présenté comme une rupture avec le passé mais comme son résultat.

La place du changement climatique

Le changement climatique est un autre enjeu important du roman bien qu’il ne soit pas aussi présent que le résumé pouvait le laisser penser. En effet, ce n’est pas tant par motivation écologique que par motivation personnelle qu’Alba décide de s’éloigner de sa vie urbaine.

Si le personnage d’Alba ne s’intéresse pas particulièrement au changement climatique, son arrivée à la campagne est un prétexte pour Auður Ava Ólafsdóttir d’aborder les conséquences du changement climatique : échouage des baleines, migrations des oiseaux, augmentation de la température terrestre générale… L’autrice d’Éden le fait toujours avec humeur et recul, ancrant son texte dans l’actualité sans en faire un récit alarmiste.

La place de la linguistique

Le roman Éden est une ode au langage et aux mots et en tant qu’amoureuse des langues, j’y ai été sensible. Le personnage d’Alba est linguiste et tout au long du texte, des réflexions sur la langue islandaise, son évolution, sa pratique et son apprentissage sont posées. Le grand écart entre Alba qui maitrise parfaitement la langue et Danyel, jeune immigré qui la découvre, est passionnant. Saviez-vous qu’il existait plus de dix mots différents pour désigner le vent et sa force en Islande, troisième pays le plus venteux du monde ?

📚 Mon avis sur Éden

Parce qu’il aborde des thématiques qui résonnent en moi, Éden m’a accroché. Plus encore, j’ai aimé ses personnages riches en personnalité et la lenteur de l’intrigue. Étonnamment, la poésie du texte se dégage plus de son intrigue que du style littéraire de l’autrice, simple, mais marqué par des envolées ponctuelles.

Personnages ❤️❤️❤️

Alba est une universitaire linguiste à la trentaine bien passée. Ses sujets d’études ont toujours été sa priorité et elle consacre le reste de son temps à son père avec qui elle échange quotidiennement –leur relation est particulièrement douce à suivre. Cela en fait un personnage de femme marquant, éloigné des stéréotypes et des romances. Les personnages qui gravitent autour d’Alba et son père (sa soeur, Danyel un réfugié récemment arrivé en Islande, sa mère décédée, son éditrice Pura, son voisin Alfur) sont tous notables, surprenants et délicieusement présentés. On a envie d’échanger avec eux.

Style littéraire ❤️❤️❤️

Le style littéraire d’Auður Ava Ólafsdóttir sert parfaitement l’intrigue et le propos du livre, le rend parfait à mon sens. Il se fait simple, avec des phrases courtes et conjuguées au présent, pour accompagner le quotidien tranquille d’Alba. Et puis, parfois, une envolée lyrique vient épouser les pensées nombreuses et volatiles du personnage d’Alba, linguiste et amoureuse des mots.

Intrigue ❤️❤️❤️

La poésie de ce texte nait de la lenteur de son intrigue : une femme s’éloigne peu à peu de son job d’universitaire en ville pour faire pousser des arbres à la campagne. Les événements se succèdent et les personnages évoluent autour d’eux, avec eux. À titre personnel, j’ai aimé que l’autrice s’applique à montrer les actions des personnages plutôt que leurs pensées : peu d’actes sont explicités et cela ajoute du mystère et de la poésie au texte.

ℹ️ Informations pratiques

Éden, Auður Ava Ólafsdóttir, 2022
Editions : Zulma, 2023
Traduction : Eric Boury (traduit de l’islandais)
Nombre de pages : 256 pages
Acheter le livre sur le site de la maison d’édition

✢ ✢ ✢

Vous avez lu ce livre ? L’avez-vous apprécié ? Quels autres textes sur le changement de vie et sur le changement climatique pouvez-vous me recommander ?

Belle journée ☀️

Marièke

Ravie de faire votre connaissance ! 👋

Chaque mois, recevez mon actualité, mon avancement sur les projets en cours et les derniers articles du blog !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *