Image de couverture de la chronique sur L'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera

Chronique de L’insoutenable légèreté de l’être

Image de couverture de la chronique sur L'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera
📸 Marièke Poulat

Hello ✨

Aujourd’hui, j’avais envie de vous parler d’un livre de Milan Kundera : L’insoutenable légèreté de l’être, chez Gallimard.

J’ai choisi ce roman sur un coup de tête alors que j’étais à la librairie en juillet dernier. Il était prévu que je parte en vacances en septembre et ma pile à lire était presque vide. Ce livre était mis en avant tout comme les autres ouvrages de l’auteur tchèque et je me suis lancée !

L’insoutenable légèreté de l’être est un roman qui trace le portrait de plusieurs personnages, et plus précisément des intellectuels et des artistes, sur fond d’invasion communiste de Prague en 1968. À l’heure où la Russie tente d’envahir l’Ukraine, ce texte résonne forcément de manière assez particulière. L’auteur a un style tout particulier en plus de traiter une histoire bizarrement intriquée : j’ai terminé ce texte sans savoir exactement où il tentait de m’entraîner et j’en ressors un peu mal à l’aise, avec l’impression d’avoir lu un essai philosophique plutôt qu’un roman.

Belle découverte ! 📚

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L’insoutenable légèreté de l’être, résumé

Qu’est-il resté des agonisants du Cambodge ? Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune.

Qu’est-il resté de Tomas ? Une inscription : Il voulait le Royaume de Dieu sur la terre.

Qu’est-il resté de Beethoven ? Un homme morose à l’invraisemblable crinière, qui prononce d’une voix sombre : Es muss sein !

Qu’est-il resté de Franz ? Une inscription : Après un long égarement, le retour.

Et ainsi de suite, et ainsi de suite.

Avant d’être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c’est la station de correspondance entre l’être et l’oubli.

📚 Chronique de L’insoutenable légèreté de l’être

Comme le titre de ce roman l’implique, ce roman de Kundera s’arrête sur la dualité de l’être humain, entre légèreté et pesanteur. Les personnages et leurs relations illustrent ces idées et ces thématiques. En résulte un texte difficile, aux accents d’essai philosophique qui résonne avec les événements actuels en Ukraine.

Un essai philosophique plus qu’un roman

L’insoutenable légèreté de l’être a une forme un peu particulière. S’il a les attributs d’un roman –des personnages, des décors, des dialogues– j’aurais du mal à le qualifier en tant que tel tant il a plus l’aspect d’un essai philosophique. Milan Kundera s’interroge et il utilise ses personnages et leurs relations comme des outils pour tester ses idées et animer ses pensées.

La dualité de la pesanteur et de la légèreté fondent ce texte. Il y a là Tereza, une femme traumatisée par sa mère qui choisit de s’engager entièrement et lourdement dans sa relation avec Tomas, quitte à en souffrir (et elle en souffre). Sabine, une artiste peintre qui poursuit une vie de légèreté d’idée et d’amour et qui saisit au vol les opportunités. Franz, un intellectuel qui, enfermé dans un mauvais mariage, représente à lui seul la pesanteur de la vie et des idées. Et il y a Tomas, qui lie ces personnages dans leur vie et dans leurs doutes : attaché à ses aventures érotiques d’une nuit, il n’a qu’une place dans son coeur pour Tereza. La pesanteur et la légèreté se débattent en lui, contre lui.

Si l’on pourrait interpréter le texte comme une critique de la pesanteur du communisme qui s’installe alors en 1968 à Prague et en Tchécoslovaquie, contre la légèreté des régimes démocratiques occidentaux plus permissifs, cette analyse est, à mon sens, une lecture simpliste. Si Milan Kundera se moque régulièrement du contexte politico-social dans lequel ses personnages évoluent, il ne juge jamais leur conduite et laisse son lectorat en décider.

Un texte qui fait écho à la situation actuelle

En 1968, la Tchécoslovaquie connait de nombreuses manifestations étudiantes –comme en France– auxquelles accède Alexander Dubček, alors Premier secrétaire du Parti communiste ainsi dirigeant du pays. L’URSS ne voit pas cette vague de réformes d’un bon oeil et dans la nuit du 20 au 21 août, les Soviétiques enlèvent puis séquestrent Alexander Dubček et son gouvernement. À son retour de Moscou, un régime totalitaire et encadré par les militaires soviétiques est installé.

Les personnages du roman de Milan Kundera assistent et racontent ces faits successifs sous la plume acerbe de l’auteur, qu’on devine critique.

Le parallèle est rapide et forcé avec la situation actuelle en Ukraine et la guerre qui y a été déclenchée–en partie car les décisions politiques ukrainiennes tendaient à limiter l’influence russe en Ukraine.

Mon avis sur L’insoutenable légèreté de l’être

Si j’aime voir sous mes yeux se dévoiler des personnages aux pensées détaillées, ce roman m’a laissé dubitative. L’intrigue est faible et les constants aller-retour entre passé et présent ont tendance à spoiler la suite du texte. La réflexion du roman sur la vie et les choix de chacun est certes intéressante mais elle prend trop de place et en fait une oeuvre philosophique plutôt qu’un roman. J’ai fini ma lecture sur ma faim, surprise, parfois choquée*.

Personnages ❤️❤️

Si le personnage de Tomas m’a rapidement beaucoup agacée, j’ai apprécié celui de Tereza qu’on sent amoureuse et fragile, presque cassée. Tous les personnages ont une construction détaillée et des pensées accessibles et compréhensibles, notamment grâce à la façon qu’à Kundera de revenir en arrière sur les émotions ressenties par chacun. Au delà des personnages, j’ai aimé voir les relations s’installer entre les personnages, et notamment celles de Tomas et Tereza, de Tomas et Sabine et de Sabine et Franz.

Style littéraire ❤️❤️❤️

Le style de l’auteur et sa façon de choisir de poser la caméra derrière un personnage, puis sur un autre, puis de revenir sur un autre personnage, rend l’analyse des sentiments de chaque personnage précise et intéressante. Plus encore, l’auteur choisir régulièrement d’interpeller son lectorat, effet de style que j’apprécie et qui amène à s’interroger sur ce qu’on lit. J’ai aussi aimé que l’auteur opte pour des constructions de chapitre diversifié, comme un lexique qui permet de comprendre Sabine et Franz.

Intrigue ❤️

À mon sens, l’intrigue est le point faible de ce roman. Si Kundera raconte la vie d’intellectuels forcés de s’adapter aux changements de leur pays et notamment à l’invasion communiste de leur pays en 1968, l’intrigue est floue. Romance, essai, littérature blanche, on peine à déterminer le genre du roman et ce qu’il veut faire avec ce roman. Ce, notamment, parce que l’histoire n’est pas construite chronologiquement et parce qu’aucun personnage n’a un objectif clair. 

* TW Viol // Un moment tout particulièrement dérangeant du livre est le moment où Tereza, pour blesser Tomas et lui faire comprendre à quel point sa légèreté la blesse, se rapproche d’un autre homme. Elle est violée sans que cela ne soit relevé comme tel dans le roman. Ce passage m’a dérangé dans le sens où l’accent est mis sur Tereza qui se sent coupable et jamais sur l’homme qui l’a violée –je comprends cependant qu’il s’agit d’une époque différente.

ℹ️ Informations pratiques

L’insoutenable légèreté de l’être, de Milan Kundera, 1984
Editions : Gallimard, 1987
Traduction : François Kérel (traduit du Tchèque)
Nombre de pages : 480 pages

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Vous avez lu ce livre ? L’avez-vous apprécié ? Aimez-vous Milan Kundera et avez-vous un autre de ces textes à me recommander ?

Belle journée ☀️

Marièke

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