Chronique de Urushi

📸 Marièke Poulat

Hello ✨

Aujourd’hui, je vais vous parler de Urushi, un court roman de Aki Shimazaki. Oui, après Tant que le café est encore chaud, c’est d’un autre roman court, touchant et japonais que j’avais envie de vous parler.

J’ai sélectionné ce livre quelques jours avant de partir en weekend du 8 mai et je l’ai terminé en quelques jours. J’avoue aller naturellement vers les romans d’auteurs et d’autrices japonais·es en tant que passionnée de cette culture. Aki Shimazaki est d’ailleurs une autrice particulière puisqu’émigrée au Québec depuis 1991, elle écrit ses textes en français.

Urushi raconte la fin de l’innocence et de l’adolescence de Suzuko, une jeune japonaise de 15 ans qui ne rêve que d’une chose pour son avenir post-lycée : rejoindre Tôru, son frère adoptif d’une dizaine d’années de plus qu’elle, dont elle est amoureuse. Touchant, doux et poétique, le roman se déroule autour d’un épisode central de la jeune fille : le sauvetage de Urushi, un moineau blessé qu’elle recueille. J’ai beaucoup apprécié la patte de l’autrice dont j’ai bien envie de découvrir d’autres textes.

Belle découverte ! 📚

✢ ✢ ✢

👋 Retrouvez-moi sur Goodreads. J’y partage mes lectures au fur et à mesure que je les termine, un peu plus rapidement que je les partage ici.

Urushi, résumé

Après le décès de sa mère Kyôko, Suzuko Niré a grandi dans une famille recomposée mais unie, entourée de sa tante Anzu, de son père, et de son frère adoptif Tôru. Aujourd’hui âgée de quinze ans, l’adolescente porte à ce dernier un amour dévorant et ne souhaite qu’une chose : retrouver celui qui est parti de la maison trop tôt, pour vivre à ses côtés. Son absence provoque chez elle une immense tristesse.

Un soir, en rentrant de l’école, Suzuko recueille un moineau blessé. Et découvre en cet oisillon qui ne pourra plus jamais voler une incarnation de ses propres fragilités.

Ce roman entre dans la quatrième pentalogie de l’autrice, Une clochette sans battant, débutée en 2020. Ses romans peuvent se lire individuellement, ou dans le désordre au sein d’une pentalogie, et forment une œuvre singulière.

📚 Chronique de Urushi

Urushi est un roman qui porte sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte et qui a un traitement intéressant car son autrice met l’accent sur les questionnements de cette période plutôt que sur les conflits. Il en résulte une impression de douceur.

Un roman sur le passage à l’âge adulte

À quinze ans, Suzuko est une jeune femme qui doit commencer à s’interroger sur son avenir. Pour elle, c’est évident : elle partira à l’université à Nagoya pour retrouver son frère adoptif, Tôru. Seul la porte son amour pour lui. Son avenir personnel, les activités qu’elle aime : tout est d’abord laissé de côté. Au fil de l’histoire, pourtant, à mesure qu’elle réalise qu’elle devra composer aussi avec la volonté de son frère, elle se concentre sur elle, ce qu’elle aime, ce qu’elle désire pour son avenir. Et elle apprend à devenir elle-même.

Une parenthèse de douceur

Deux caractéristiques confèrent au roman d’Aki Shimazaki une impression de douceur, comme une parenthèse positive : le fait que les thématiques “graves” soient évoquées avec légèreté, sans problème apparent, et le fait qu’il n’y ait aucun conflit ouvert dans ce roman.

Urushi a beau être un roman positif, il n’en traite pas moins des thématiques graves et personnelles : le décès de la mère de Suzuko à sa naissance, l’adoption par sa tante qui s’est mariée à son père, l’homosexualité… Les sujets à dispute sont nombreux et pourtant, non seulement ils sont rarement évoqués comme des “problèmes”, mais en plus, quand bien même cela serait problématique, ils sont rapidement désamorcés par la communication importante entre les membres de la famille.

En résulte un roman qui ne donne à voir aucun conflit ouvert entre ses personnages. On discute, on échange, on débat mais surtout, on s’aime et on ne s’engueule pas. C’est frais et c’est un positionnement surprenant pour un roman qui traite de l’adolescence, âge souvent présenté comme particulièrement conflictuel.

Urushi correspond au nom donné par Suzuko à son moineau blessé. En japonais, Urushi est le nom de deux formes d'art traditionnel différentes : la peinture avec de la laque véritable et certaines formes d'estampes sur bois qui utilisent l'encre ordinaire. L'occasion de préciser que ce roman d'Aki Shimazaki traite d'arts traditionnels : la tante-mère de Suzuko est céramiste, la jeune fille se passionne pour le kintsgi (art qui consiste à réparer avec de l'or liquide) et elle envisage des études d'art.

📚 Mon avis sur Urushi

Le roman Urushi est une petite parenthèse qui fait du bien. Il dépeint sans hurlements ni conflits grandiloquents le passage de l’adolescence à l’âge adulte d’une jeune femme–où comment Suzuko apprend à se confronter à la réalité et à accepter les volontés d’autrui. C’est reposant, mignon, agréable à lire. Un bon livre sur l’adolescence.

Personnages ♥️♥️

Si le roman est centré sur Suzuko, le roman nous donne à découvrir toute sa famille : sa mère-tante de Suzuko, son père et son frère, ainsi que sa mère et sa grand-mère, décédées avant le début du roman. Tout le monde évolue dans la douceur et la bienveillance, dans l’écoute et le dialogue ce qui augmente l’impression d’un roman sans heurts.

Intrigue ♥️♥️

L’enjeu de l’intrigue d’Urushi est posée au premier chapitre : Suzuko parviendra-t-elle à rejoindre Tôru, son frère adoptif dont elle est éperdument amoureuse depuis toujours, à Nagoya, où il travaille, pour y mener ses études ? Elle est simple, facile à suivre, et évolue à mesure que le personnage évolue. Le tout sur un temps rapide : la guérison d’Urushi, le moineau blessé.

Style ♥️♥️

Aki Shimazaki a la particularité d’écrire en français alors que ce n’est pas sa langue maternelle (née au Japon, elle vit au Québec depuis 1991). Son style est précis. Les descriptions, les réflexions, les dialogues : rien ne tire en longueur, réduit au mot près. L’usage du présent de narration est efficace et ajoute de la simplicité au récit. Le style choisit par l’autrice pour ce texte va parfaitement avec son intrigue.

🚀 Aller plus loin

Il y a quelques mois, je découvrais Éden de l’autrice islandaise Auður Ava Ólafsdóttir. Bien que très différent de ce roman d’Aki Shimazaki (Éden évoquait plutôt la reconversion professionnelle et les questionnement écologiques), j’ai apprécié l’impression de bulle de douceur et de poésie qui émanait des deux textes. Je réalise à quel point j’aime les romans qui ne présentent que peu de conflits et sont le théâtre d’échanges et de discussion plutôt que de conflits.

ℹ️ Informations pratiques

Urushi, Aki Shirazaki, 2024

Editions : Actes Sud, 2024

Nombre de pages : 144 pages

Acheter le livre sur le site de la maison d’édition

✢ ✢ ✢

Vous avez lu ce livre ? L’avez-vous apprécié ? Si vous avez déjà lu cette autrice, quel autre de ses romans me conseillez-vous ?

Belle journée

Marièke

Ravie de faire votre connaissance ! 👋

Chaque mois, recevez mon actualité, mon avancement sur les projets en cours et les derniers articles du blog !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *